40ème anniversaire de mon ordination sacerdotale

Publié le par Abbé C. Laffargue

Eglise paroissiale de Tossiat (Ain), 29 juin 2019

en la solennité de la fête des saints Pierre et Paul, apôtres, 

pour le 40èmeanniversaire de sacerdoce de M. l'abbé Christian Laffargue (1979-2019)

Homélie du jubilaire.

 

     Monsieur le curé,

     chers confrères, 

     chers amis,

 

 

            Je voudrais d'abord remercier le curé de la paroisse, le Père Antoine Desarbre, et les Sœurs de sa communauté pour leur accueil et l'amitié dont ils ont fait preuve pour la célébration de cette messe; mon servant de messe Mayeul Besson que j'ai baptisé un 17 décembre 2005 et son père Stéphane qui a chanté le psaume; Arnaud Lefebvre qui a lu la première lecture, que j'ai baptisé dans cette église en la nuit de Pâques 2012, Sophie Delpech ma cousine qui a lu la deuxième lecture, Madame Vieudrin, de Saint-Martin-du-Mont, qui, depuis tant d'années, tient l'orgue dans cette église quand on la requiert; Isabelle Pirod, de Tossiat, qui a l'art des bouquets de fleurs depuis tant d'années; et vous tous, chers amis, dont certains sont venus de loin pour m'entourer en cet anniversaire.

         Je célèbrerai la messe pour les 28 prêtres qui ont reçu l'ordination sacerdotale de 29 juin 1979 sur le pré qui jouxte le séminaire d'Ecône dans le Valais Suisse.

 

 

            Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

 

Que de solennités en ce mois de juin traditionnellement consacré au Sacré-Cœur de Jésus, que nous avons fêté hier, et que j'évoquerai de nouveau: La Pentecôte le 9, la sainte Trinité le 16, le saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ ou Fête-Dieu dimanche dernier, la Nativité de saint Jean-Baptiste, le 24, lundi...!

Et celle d'aujourd'hui: la solennité de la fête de saint Pierre et de saint Paul en ce 29 juin qui se trouve être le quarantième anniversaire de mon ordination sacerdotale.

Votre présence nombreuse solennise un peu plus cette belle journée, acte de foi et de charité dont l'amitié est l'une des plus belles expressions.

            Si, traditionnellement, les évêques aiment conférer l'ordination sacerdotale en la fête des apôtres colonnes de l'Eglise fondée par le Christ sur Pierre et ses successeurs (Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise... Matthieu 16, 18 – Evangile) c'est que l'unique sacerdoce du Christ - Souverain Prêtre - transmis aux apôtres le Jeudi-saint ne se conçoit que dans l'Eglise qui est le corps du Christ. 

Faites ceci en mémoire de moi a ordonné Jésus après avoir prononcé les paroles de la consécration du pain et du vin, ceci est mon corps..., ceci est mon sang (Cf. Jn 6, 51-56 + Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-24 et Lc 22, 19-20 + 1 Co 11, 23-25).

 

Il S'est transmis, Il est resté, pour être "répandu et communiqué" pour reprendre la célèbre formule de Bossuet au sujet de l'Eglise. Pour que de prêtre en prêtre, de messe en messe, soit offert et perpétué l'unique Sacrifice du Christ offert à Dieu son Père pour l'expiation de nos péchés et nous en offrir son fruit: le Sacrement de l'Eucharistie, jusqu'à la fin du monde.

D'ailleurs, après avoir fondé Son Eglise - et non pas une Eglise parmi d'autres - sur l'apôtre Pierre, le Christ a ajouté aussitôt: et les portes de la Mort (*) ne prévaudront pas contre elle.

Malgré tant de scandales, d'épreuves, d'infidélités, l'Eglise du Christ subsiste toujours dans ses membres dont nous sommes tous par le baptême. Il y a toujours eu et il y a aujourd'hui des saints pour faire briller la Lumière de la Vérité et l'Amour de la présence substantielle du Christ dans le corps et dans le sang de ceux qui vivent en Lui et de Lui.

Les Evangélistes qui relatent la sainte cène du Jeudi-saint au soir précisent bien: Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous (Cf par ex. Lc 21, 20).

 

Nouvelle Alliance et commandement nouveau. L'Evangile du 5ème dimanche de Pâques nous rappelait l'essentiel: l'Amour de Dieu. C'est pour cela que le Fils s'est incarné, qu'il a enseigné le commandement nouveau, le pardon. A la source de toutes les ruptures, de tous les malheurs, de toutes les divisions, il y a le refus de pardonner. C'est vrai dans les cœurs, dans les foyers, dans l'Eglise. Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qi nous ont offensés disons-nous dans le Notre Père, prière apprise par Jésus aux apôtres qui Lui demandaient comment prier son Père. 

Si, en 1988, nous sommes sortis de la dissidence, c'est parce qu'on ne peut bâtir un mouvement, une vie sacerdotale, une évangélisation dans la révolte et la critique permanente, dans le refus de pardonner l'injustice qui avait été faite à ceux qui dans la révolution post-conciliaire avaient voulu courageusement garder la foi et la transmettre.

 

Il y a un temps pour la guerre, et un temps pour la paix dit l'Ecclésiaste (3, 8). Surtout quand la main fut tendue, les bras ouverts, par un saint Pape, Jean-Paul II, et son représentant, qui lui a succédé en la personne de Benoît XVI qui a fait la paix liturgique.

A la fin de notre vie, nous ne serons pas jugés sur la Foi - nécessaire, certes, mais non suffisante - mais sur l'amour de charité qui inclut ce pardon et l'amour de bienveillance des ennemis capables d'être convertis par le regard du crucifié au bon larron (Lc 23, 39-43), qui a pardonné à ses bourreaux et a intercédé pour eux auprès du Père (v. 34).

 

Hier, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, nous avons lu ou chanté l'admirable Préface de la messe: Dans son immense amour, quand il fut élevé sur la croix, Il s'est offert Lui-même pour nous; et de son côté transpercé, laissant jaillir le sang et l'eau, il fit naître les sacrements de l'Eglise, pour que tous les hommes, attirés vers Son cœur, viennent puiser la joie aux sources vives du salut...

Haurietis aquas in gaudio... Vous puiserez des eaux avec joie aux sources du Sauveur... Ce sont les premiers mots de l'encyclique du Vénérable Pape Pie XII sur le culte et la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus (1956) en citant le prophète Isaïe (12, 3)

"Le sacerdoce, c'est l'amour du Coeur de Jésus" disait Saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars. 

Dans l'intimité du cœur, dans l'intimité du corps où nous devons nous tenir, surtout quand nous tenons entre nos mains ce corps et ce sang que nous venons de consacrer pour le salut du monde, c'est bien l'Amour offert, l'Amour répandu, l'Amour bafoué et qui, pourtant, sera victorieux, car sur la Croix, malgré les apparences, c'est là que l'Amour a triomphé de la haine, la Vie sur la mort, la Lumière sur les ténèbres...

Cœur eucharistique de Jésus, priez pour nous...

 

Aujourd'hui, 29 juin, nous fêtons la solennité de la fête de Saint Pierre et de Saint Paul.

C'est un jour de sainte joie que Dieu nous a donné pour fêter les bienheureux Apôtres Pierre et Paul dit la Collecte de la messe qui nous a fait demander à Dieu d'accorder à son Eglise une fidélité parfaite à leur enseignement puisqu'elle a reçu par eux la première annonce de la foi.

 

L'Eglise a voulu célébrer le même jour l'apôtre sur lequel le Christ a fondé son Eglise: Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise comme nous l'a rappelé l'Evangile (Mt 16, 18) et l'apôtre des nations, le persécuteur des premiers chrétiens, converti sur le chemin de Damas par la voix de Celui qu'il ne connaissait pas encore (Cf Actes 9, 4).

La Préface de la messe résume bien leur complémentarité: Nous fêtons en ce jour les deux Apôtres Pierre et Paul: celui qui fut le premier à confesser la foi, et celui qui l'a mise en lumière; Pierre, qui constitua l'Eglise en s'adressant d'abord aux fils d'Israël, et Paul, qui fit connaître aux nations l'Evangile du salut; l'un et l'autre ont travaillé, chacun selon sa grâce, à rassembler l'unique famille du Christ...

Dans la bénédiction solennelle, nous dirons: L'un et l'autre sont entrés au ciel par le martyre: qu'ils vous aident à donner votre vie pour l'avancée du royaume de Dieu.

Martyrs ils le furent, Pierre au Vatican en l'an 64 - vous avez peut-être visité son tombeau sous la basilique saint Pierre, maintenant clairement identifié -et Paul sur la route d'Ostie en 67.

 

A Timothée, dans la deuxième lecture, il écrit: Je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J'ai mené le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi (2 Tm 4, 6-7).

C'est dans cette même épître qu'il adjure solennellement son disciple à proclamer la parole, à insister à temps et à contretemps, à réfuter, menacer, exhorter, avec une patience inlassable et le souci d'instruire. Car un temps viendra - et ça n'a pas changé - où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au gré de leurs passions et l'oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers des fables (1-4).

 

La Foi n'est pas sensible, on croit sans toucher ni voir, sans comprendre totalement car la Vérité dépasse les capacités de l'intelligence humaine, surtout si elle est obscurcie par le péché. Quand Jésus fait la première annonce sur la sainte Eucharistie, le pain vivant descendu du ciel et que le pain qu'Il donnerait c'est sa chair pour la vie du monde (Jn 6, 51), les Juifs furent scandalisés - on l'aurait été à moins ! - nombre de ses disciples le quittèrent et cessèrent de l'accompagner (v. 66). C'est alors que Pierre, qui était aussi scandalisé et incrédule humainement que les autres, s'avança et dit à Jésus: A qui irions-nous, Seigneur? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous croyons, nous, et nous savons que tu es le Saint de Dieu (vv. 68-69).

 

Dans l'Evangile d'aujourd'hui, dans la région de Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples: Que dites-vous que je suis, pour vous, qui suis-je ? C'est l'apôtre Pierre qui prend la parole avec détermination et qui affirme: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! (Mt 16, 15)Le Christ précise bien que ce n'est pas la chair et le sang qui lui ont révélé cela, mais son Père qui est aux cieux (v. 17). La Foi est bien un don de Dieu, une vertu théologale infuse, reçue au baptême et qui se développe avec l'être humain par l'éducation, comme on va à l'école, au collège, au lycée, lorsqu'on fait des études supérieures; soit qu'on la reçoit tout-à-coup ou progressivement parce qu'on cherche la Vérité, parce qu'on cherche cette présence, cette personne, sans laquelle la vie n'a aucun sens ni aucun avenir...

C'est à cette Foi-là, à cette voix, à cette présence que les prêtres ont donné leur vie pour être de ses disciples. Pour transmettre la lumière de la Foi qui est une connaissance, et l'ardeur de la charité qui est un amour, le seul qui ne déçoit pas et qui permet de tout comprendre et de toucher les âmes au plus profond...

 

Je te donnerai les clés du royaume des cieux dit Jésus à Pierre après sa profession de foi: le pouvoir de lier et de déliersur la terre comme dans les cieux (Mt 16, 19). Ce pouvoir qu'exercent les prêtres dans le sacrement de pénitence et de réconciliation, pouvoir qui fait partie du sacrement de l'Ordre mais qui ne peut être exercé validement que si le prêtre en a reçu la mission (pouvoir de juridiction) de ses supérieurs légitimes: évêques, successeurs des apôtres en communion avec le successeur de Pierre, ou supérieurs religieux légitimes. C'est une sécurité pour les fidèles. Car le pouvoir d'Ordre ne nous appartient pas, il est reçu pour une mission bien déterminée. C'est à Pierre que le Christ a confié ses brebis: Pais mes brebis (Jn 21, 15-17). Les évêques et les prêtres ont reçu délégation de paître les brebis qui leur sont confiées dans les portions de territoire que sont les diocèses et les paroisses...

 

Malgré les vicissitudes de l'histoire et les péchés de ses membres, en particulier des pasteurs - certains, vraiment abominables - nous devons aimer l'Eglise...

Avoir un regard de Foi sur elle. Dans ses membres pécheurs, elle demeure. Même les prêtres réduits à l'état laïc restent toujours prêtres. Sacerdos in aeternum... Prêtres pour l'éternité. Pour le meilleur ou pour le pire. Un prêtre, même ayant quitté l'Eglise, en cas de danger de mort peut absoudre les péchés de qui viendrait lui demander l'absolution. 

Quel mystère !

Car l'Eglise, d'institution divine, a reçu du Christ l'assurance que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle (Mt 16, 18). Le Christ ne l'a jamais abandonnée. Il n'est pas parti. Il n'a pas... divorcé de celle qui, en ses membres, dans telle époque, dans telle région, l'a trahi !

Aimons rester en Sa présence lorsqu'il n'y a personne devant le Saint-Sacrement dans une chapelle ou une église déserte... Ou, pire peut-être, lorsqu'il y a tellement de monde et de bruit que personne ne fait attention à Celui qui demeure dans le tabernacle signalé par la lampe rouge de la présence eucharistique...

 

            Si ce samedi de la troisième semaine après la Pentecôte n'avait pas coïncidé avec un 29 juin où l'on fête les saints Pierre et Paul, nous aurions fêté le Cœur immaculé de Marie.Dans l'ancien calendrier liturgique, cette fête était célébrée le 22 août avec Gloria.

La dévotion au Cœur de Marie a été promue par saint Jean Eudes au XVIIème siècle. Cet Oratorien normand fonda, d'ailleurs, un institut religieux consacré à la formation des prêtres.

En pleine guerre mondiale, les révolutions détruisant les empires, le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge dira aux enfants de Fatima: A la fin, mon Cœur immaculé triomphera.

Le 31 octobre 1942, pendant la seconde guerre mondiale, le Pape Pie XII consacra le monde au Cœur immaculé de Marie.

 

Comment ne pas évoquer le Sacré-Cœur de Jésus, le prêtre et l'Eglise, sans évoquer la sainte Vierge Marie ?

Lorsque Jésus sur la Croix a confié l'apôtre et prêtre saint Jean à sa mère (Jn 19, 26) - le seul qui fut là car la veille il avait reposé sa tête contre la poitrine de Jésus lors de l'annonce de la trahison de Judas (Jn 13, 25) - ce sont les prêtres qu'Il lui a confiés pour qu'Elle les garde dans la fidélité, en particulier dans les grandes tentations et les grandes épreuves.

Qu'Elle les garde dans la Foi, même et surtout dans la solitude et les ténèbres; dans la pureté, car lorsque Marie et la Croix paraissent le démon recule et disparaît.

Au Vendredi-saint, Elle fut bien la seule à garder l'Espérance. Pierre et les autres apôtres étaient enfermés à double tour dans la chambre haute de Jérusalem... 

C'est à sa mère que le Christ ressuscité apparût en premier, c'est Elle qui accompagna et guida silencieusement les apôtres après l'Ascension pour les préparer à l'effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte.

Et très récemment, en France, à Paris, Notre-Dame en son royaume ne permit pas que les flammes dévastatrices de la Cathédrale élevée en son honneur ne touchent les hosties consacrées, les saintes reliques de la fameuse flèche, les trésors liturgiques et historiques avec la couronne d'épines du Christ et la tunique de saint Louis, le maître-autel du XVIIIème où Elle est représentée devant la Croix, en piétà, son fils descendu de la croix entre ses bras...

 

Nous pourrions terminer en citant la Préface de la Messe actuelle du Cœur immaculé de Marie:

            Tu as donné (Père très saint, Dieu éternel et tout-puissantà la Vierge Marie un cœur sage et docile pour qu'elle accomplisse parfaitement ta volonté; 

un cœur nouveau et doux, où tu pourrais graver la loi de l'Alliance nouvelle;

un cœur simple et pur, pour qu'elle puisse concevoir ton Fils en sa virginité et te voir à jamais;

un cœur ferme et vigilant pour supporter sans faiblir l'épée de douleur

et attendre avec foi la résurrection de ton Fils...

 

et la première lecture de la messe du 22 août dans la forme extraordinaire du rite romain tirée du livre de l'Ecclésiastique, dit aussi de Ben Sira le sage (24, 23-31):

            Je suis la mère du bel amour, de la crainte, de la connaissance et de la sainte espérance.

En moi est toute la grâce de la doctrine et de la vérité, en moi est toute espérance de vie et de force.

            Venez à moi, vous tous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits.

Car mon esprit est plus doux que le miel et mon héritage plus suave que le rayon de miel.

            (...) Ceux qui m'écoutent ne seront point confondus, et ceux qui agissent par moi ne pècheront point. Ceux qui me font connaître auront la vie éternelle.

 

Cœur sacré de Jésus, j'ai confiance en vous !

Cœur immaculé de Marie, priez pour nous qui avons recours à vous !

Saint Pierre et saint Paul, priez pour nous !

 

Au Nom du Père...                              

                                                                                                         Ab. L.

            

(*)de la Mort: ou de l'Hadès en grec, du Shéol en hébreu, c'est-à-dire "du séjour des morts. Ces portes symbolisent les puissances du Mal, des puissances du péché, qui ne triompheront pas de la sainteté de l'Eglise (note de la Bible Osty) (cf le Credo: "Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique).

 

             

 

 

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